Ce que le XV de France doit corriger contre le Pays de Galles
Le XV de France se déplace au Pays de Galles dimanche (16h00) avec l'objectif de retrouver le sourire et la victoire après un début de tournoi des Six Nations assez largement manqué.
Une raclée à la maison contre l'Irlande. Une victoire poussive – c'est un euphémisme – en Ecosse. Puis un match nul sans gloire contre l'Italie. Le bilan du Six Nations 2024 du XV de France n'a pour le moment pas fière allure. Mais où sont passés les Bleus auteur du Grand Chelem il y a deux ans, et encore prétendants légitimes au titre mondial il y a quelques mois ? "Si l'écart paraît énorme entre le passé récent et aujourd'hui, il n'y a pas grand-chose en fait..." a estimé Fabien Galthié après la rencontre face à l'Italie. Le sélectionneur tricolore admet que les siens traversent "une période difficile, douloureuse", mais qu'"il faut peu de choses pour que le rendu qui ne nous satisfait pas se transforme en quelque chose de plus joyeux" assure-t-il. Voici quelques pistes de réflexion avant le déplacement au pays de Galles dimanche.
Assurer les fondamentaux…
Dans une équipe en perte de confiance, rien de tel que de revenir aux bases pour retrouver de l'allant. Pour le XV de France de Fabien Galthié, cela a longtemps signifié ce fameux "jeu de dépossession" prôné par le sélectionneur, à savoir accepter de laisser le ballon à l'adversaire mais être plus agressif à la récupération et attaquer de manière plus directe. Cette fois, les dynamiteurs Antoine Dupont et Romain Ntamack ne sont pas là. Thomas Ramos est timoré, loin de son meilleur nouveau des mois précédents. Les Bleus attaquent plus mais s'exposent à plus d'erreurs (20 fautes de main, 18 ballons perdus contre l'Italie).
Ils ont pourtant surclassé les Italiens en puissance, tant sur ballon porté qu'en mêlée. Mais ils n'en ont profité qu'avec une étonnante parcimonie, s'évertuant à vouloir créer du jeu plus au large plutôt qu'à pilonner au cœur les Transalpins. Un certain manque de clairvoyance, à l'image de la dernière possession de France - Italie, quand les Bleus, bien qu'en infériorité numérique, ont cherché à vouloir relancer en enchaînant les passes dans leurs 30 mètres. Et à s'exposer à la faute, et à la pénalité qui aurait pu offrir la victoire aux Italiens si le poteau n'avait pas repoussé la tentative de Paolo Garbisi. Une sensation de déjà-vu alors que l'Ecosse était passé à deux doigts de s'imposer en marquant à la sirène après un ballon perdu par les Bleus dans leurs 22 mètres.
… pour oser le grain de folie
Le passage comme ouvreur de Ramos - là où il évolue à Toulouse depuis la blessure de Ntamack - devrait le positionner dans un rôle davantage de régulateur du jeu. L'occasion pour les lignes arrières de se lâcher. Et il y a du travail, avec quatre essais seulement en trois matchs et de nombreuses occasions non exploitées. Pour y remédier, Galthié, habituel adepte de la continuité, va tenter le pari de la nouveauté, et de la jeunesse avec trois "gamins" de 21 ans.
Au côté de Thomas Ramos, Nolann Le Garrec va connaître sa première titularisation, récompense d'un talent précoce et d'un bon début de saison au Racing 92. Son ancien compère de charnière chez les Bleuets U18, Léo Barré prend la place Ramos à l'arrière. Dévoreur d'espace, mobylette à la course et sérieux dans son jeu long au pied : il a le profil de relanceur pour donner de l'air au XV de France. Et pour remplacer au centre Jonathan Danty exclu lors de la dernière journée, Nicolas Depoortere et ses 7 essais en Top 14 avec l'Union Bordeaux-Bègles a fini par s'imposer comme une évidence.
Retrouver la discipline
Trois fois la même faute ou presque, pour trois cartons en trois matchs : rouge contre l'Irlande, jaune en Ecosse, rouge contre l'Italie. Les Bleus ont payé cher son excès d'engagement depuis le début du Tournoi avec trois plaquages au niveau de la tête d'adversaires. Seule équipe à avoir fini à 14 dans ce Tournoi, la France doit faire preuve de davantage de lucidité. La première cape à venir d'Emmanuel Meafou en deuxième ligne va aussi dans ce sens. Le colosse du Stade Toulousain (2,03m pour 145 kilos), qui prend la suite en deuxième ligne de Paul Willemse (exclu contre l'Irlande) ou de Cameron Woki, n'est pas du genre à empiler les cartons, quatre en cinq saisons à Toulouse.
Un état d'esprit conquérant
La déprime post-Coupe du monde et le coup sur le casque de la défaite d'un point en quart de finale contre l'Afrique du Sud sont encore latents. Dans la tête, les Bleus semblent émoussés, et la défaite inaugurale face à l'Irlande n'a pas remis l'équipe de France dans les bonnes dispositions. D'autant que le XV du Trèfle sortait lui aussi d'une grosse déception et une même élimination en quarts de finale du Mondial. L'heure est à la remobilisation, surtout après ce match sans gloire contre l'Italie. "Il va falloir revenir avec un état d’esprit de tueur pour gagner ces deux derniers matchs" clamait Thomas Ramos à Rugbyrama. "Personne n’a envie de finir au fin fond du classement. Il ne faut pas se leurrer, on ne gagnera pas le Tournoi cette année mais être très mal classé me foutrait les boules."
L'arrivée ou les retours de joueurs frais dans l'esprit et dans les jambes, comme les Toulousains Thibaud Flament et Emmanuel Meafou tous deux de retour de blessure, ou Grégory Aldritt et Louis Bielle-Biarrey, absents contre l'Italie, pourrait donner un élan nouveau à l'équipe de Fabien Galthié. "On a recherché l'énergie, le challenge, la compétition" a-t-il assumé en conférence de presse.